Le très grand âge est un état d’équilibre subtil … comme un funambule sur son fil, la personne très âgée avance en équilibre précaire jour après jour.
Entre les troubles de la marche, la polypathologie, la polymédication, d’éventuels troubles cognitifs ou dépression, parfois un isolement et une précarité sociale, la vieille personne peut, au moindre « coup de vent », perdre son équilibre.
Le concept de fragilité a été bien défini, principalement en oncogériatrie, et bien que certains facteurs soient irréversibles (comme l’âge ou la polypathologie) d’autres peuvent être améliorés (du moins pendant un certain temps), comme la dénutrition, les troubles de la marche, l’isolement…
Les personnes âgées entrées dans la fragilité ont un risque accru de chute, d’hospitalisation pour une défaillance d’organe ou de perte d’autonomie.
Parallèlement l’entourage de ces personnes, les « aidants », peuvent s’épuiser en comblant les déficits, ou dans les visites à l’hôpital lors d’hospitalisations prolongées, en s’inquiétant de manière permanente. Ce sont durant ces périodes que « l’accompagnant » au départ devient « aidant » ensuite, c’est-à-dire aide-ménagère, aide-soignant, infirmier, mandataire, etc. Très souvent ces aidants ne connaissent pas ou insuffisamment les systèmes d’aides professionnels. Ils suppléent, d’abord de façon de façon ponctuelle puis accentuent leurs actions jusqu’à parfois l’épuisement.
L’infirmier libéral, en tant que soignant du quotidien d’une personne âgée, connaît le patient et son environnement dans la globalité, et il est le mieux placé pour détecter la fragilité lorsqu’elle s’installe.
La surveillance du poids, de la tension, de l’équilibre, de la condition physique, des fonctions cognitives ou de l’humeur est simple à effectuer. De la même façon, prendre le temps de parler avec l’aidant, peut permettre de détecter un épuisement ou un début d’épuisement chez lui.
L’infirmier libéral peut par ses compétences et sa connaissance des patients ainsi que des ressources de son territoire orienter les personnes vers les services d’aides et d’accompagnement, alerter le médecin traitant, interpeller les équipes de support (équipes mobiles, réseaux) et à terme, si les actes infirmiers le permettent, pourrait devenir le pivot de l’éducation de l’aidant.
GHEF
OLe Dr Sarah Thomas travaille dans une unité de court séjour gériatrique au Grand Hôpital de l’Est Parisien (GHEF).
Elle a travaillé auparavant en équipe mobile, en intra et extra hospitalier.
le Dr Thomas a un DU de plaies et cicatrisations, un DU de géronto-psychiatrie et une formation en éthique clinique.
Elle a développé le lien ville-hôpital dans son secteur géographique, des partenariats avec les soignants de ville, à la fois dans le soin et dans la prise de décision dans les situations les plus complexes.